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Historique

 

    La position de Philidor 

         Pilhes René-Victor (1934- )

 

 

 

 

 

C'est un écrivain français et ancien publicitaire, né en 1934.

Pilhes a commencé à travailler comme publicitaire à Air France, puis à Publicis, comme directeur de la création et membre du directoire, avant de se consacrer entièrement à la littérature où il pose sur la société le regard d'un moraliste. Il sera également administrateur de TF1. Il se marie le 19 décembre 1959 à Nicole Ingrand, avec qui il a trois enfants : Nathalie Pilhes, Laurent, Maria. Son œuvre la plus connue est L'Imprécateur.

Résumé de l'œuvre:

La position de Philidor (1992):

La position de Philidor est un roman policier, dans lequel on annonce le crime, bien avant qu'il ne soit exécuté. Le narrateur raconte d'abord les haines des trois futurs suspects (un quatrième s'y joindra). Toutes ces rancoeurs ont des raisons diverses, mais ne désignent qu'une seule personne : Capulac. Ce parvenu sans scrupule a su éliminer ses rivaux un à un.

Tout d'abord le "cadre écologiste": il a dû interrompre des études pourtant infiniment plus prometteuses que Capulac, et nourrit d'autres raisons anciennes et profondes de haïr.

Ensuite, le "cadre déchu" en voie de clochardisation : son intelligence et son ambition lui donnaient une allure d'astre, jusqu'à ce que son ami Capulac juge opportun de le trahir pour écarter un rival trop dangereux.

Enfin "le cadre vaincu" : il s'était allié à Capulac pour éliminer le précédent, mais a eu la douloureuse surprise de le voir ensuite accéder à la présidence de Sacoprim, qui lui était pourtant promise.

Pilhes excèle à peindre le milieu des grands cadres d'entreprises, et détaille à plaisir ses perversités. Aussi, l'essentiel n'y est-il pas le crime "miribolant" ou "parfait" ; c'est un peu comme dans certaines peintures où le drame censé constituer le sujet de la toile paraît petit et insignifiant face à la splendeur et à la profondeur de ce qui, ailleurs, ne serait qu'un décor.

C'est un polar qui joue sur les limites du genre. L'énigme elle-même, n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant : elle repose sur des ficelles qu'Agatha Christie a déjà maniées semblablement dans la plupart de ses romans. Je n'ai donc eu aucune difficulté à deviner le coupable à la moitié du roman. Mais là n'est pas l'essentiel.

Tout est dans la férocité du regard, et la manière dont insidieusement on est immergé dans un monde où l'assassinat somme toute, devient souhaitable, revigorant, et sain. Une grande place est accordée aux monologues intérieurs et au style indirect libre : le lecteur est invité à partager les rancoeurs des divers personnages, et finit par souhaiter vivement la mort de Capulac. Cet art subtil me conduit à ne pas considérer La position de Philidor comme un polar ordinaire. Il est habituel que dans un roman à énigme les personnages qu'on soupçonne ne dévoilent pas leur intériorité au lecteur. Or Pilhes transcrit perversement les réactions intérieures de ces gens : on croit être en pleine révélation, et pourtant ce n'est pas assez, et ce chiffon agité laisse deviner la jubilation sournoise du narrateur.